The Black Waltz
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Quand le manque devient trop grand [Eden]

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Quand le manque devient trop grand [Eden] Empty Quand le manque devient trop grand [Eden]

Message par Nina Hagen Sam 3 Oct - 21:11

Le grand jour, enfin.
J'ai hâte mais j'appréhende en même temps : ce que je ressens pendant les immersions, la force des sensations, et leur intimité aussi, cela me perturbe un peu, légère timidité très vite compensée par l'ivresse que cela procure.
Si le bonheur avait un son, ce serait celui-là, celui qui résonne dans les chapelles.
Et tout ceci s'associe à mon Kama pour qui je voue une sorte d'adoration, étrange.
Et par dessus tout, cela renforce mon impression de n'être qu'un pantin de la société... Je l'accepte, par soumission, mais jusqu'à quand et quel point ?

[...]

Je me suis fait belle, du moins j'ai essayé.
Un coup de crayon et de mascara, noir, toujours.
Les plus beaux habits que j'ai, une petite robe, des bottines, et même un collier, chose rare.
Je me suis même coiffée, matée les mèches rebelles et nouée le tout..

J'ai attrapé un manteau, et un sac en état, et direction métro.
Je suis descendue à l'arrêt d'avant, pour marcher, pour profiter pleinement du parvis. Écouter l'eau s'écouler, les vrombissements des chutes. C'est magique.
C'est le plus bel endroit de la ville, du moins à mon sens.

Presque à regret, quand il fut l'heure, je suis rentrée dans le hall, pièce tout autant somptueuse que je ne cesse de revisiter comme si c'était la première fois. La bouche entrouverte telle une ingénue, me mordant parfois les lèvres d'impatience et d'excitation, je trépigne sur place, j'attends. Je finis par feindre d'observer la magnificence du lieu tant le manque et l'envie ont pris la place de tout autre pensée.
Assise, je l'attends, Eden.
Qu'il vienne me chercher et qu'il m'emmène...
Enfin, enfin, enfin...
Nina Hagen
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Quand le manque devient trop grand [Eden] Empty Re: Quand le manque devient trop grand [Eden]

Message par Eden Dim 4 Oct - 11:09

- E… Eden… ? C’est l’heure…de votre séance suivante.

Une minute, si tu permets.
Laisse-moi me détendre. On n’est pas à l’usine ici. Si ? Oui, j’oubliais. Enchaîner les clients. Pardon, les Fidèles. Faire tourner la machiner à broyer. Les corps. Les consciences. C’est pour Sa gloire que je suis en train de répandre mes tripes sur le carrelage. Le trop plein de Crystal injecté pour les conduire les uns après les autres à l’extase se déverse en flots mousseux sur le sol glacial où mes paumes moites et tremblantes sont posées. Vidé. La flaque de bile et de sang atteint le bout des escarpins impeccablement cirés de mon assistante, venue me rappeler à mes obligations. Ne fais pas cette tronche, tu n’en seras quitte que pour un peu de blé. Je finirais par en crever.

Mais j’arrive chérie.
Le temps d’essuyer mes lèvres sur l’ourlet de ta jupe. Et de prendre soin de te virer. J’ai assez vu ta gueule de toute manière. Toutes interchangeables en ce qui me concerne. La tienne commençait à me fatiguer. Rien de comparable avec l’immense lassitude qui gagne ma cervelle, saturée des émotions d’un autre. Le dernier client m’a épuisé. Ça martèle si fort là haut que je sens mon crâne sur le point d’exploser. Je vais me remettre à gerber. Livide, les muscles tétanisés par les spasmes qui viennent de stopper, je me laisse rouler sur le côté. Avant de me redresser péniblement en station assise et de m’adosser contre le mur de la salle d’eau attenante à ma chapelle. Mon royaume. Mon tombeau à dire vrai. Les doigts encore agités de soubresauts, comme ceux d’un vieillard aux neurones rongés par la maladie, je sors une clope d’un paquet presque vide. La première bouffée me fait tourner la tête et remonter la nausée. A la seconde, le shoot de nicotine commence à m’apaiser. Une fois la tige à cancer consumée, en plus de vider le verre de liqueur fruitée tendue par ma future ex-assistante pour me rincer le gosier et effacer l'arrière goût amer de la crise passée... je serais fin prêt. A bruler le peu d’énergie qu’il me reste encore pour satisfaire au va et vient incessant de mes ouailles adorées.

Azenath. Matrice divine d’un monde parfait.

Chaque fibre de mon corps me hurle, me supplie d’arrêter. De mettre un terme au cirque infernal et grotesque qui rythme mes journées. Mais j’ai encore plus peur des chiens de Monarch que de persister à me flinguer. Quitte à y passer, j’aime autant être mon propre bourreau. Rien n’est pire que finir entre leurs mains. Je me souviens. Les cris des suppliciés continuent de me hanter.

Et la vérité… c’est que je suis aussi accroc que n’importe quel zombie.

Douloureusement crispé, j’agrippe le rebord du lavabo pour éviter de tomber.
J’ai mal partout. Plus de substance pourtant. Alors comment se fait-il que je me sente si lourd ? Celui que j’observe dans le miroir est désespérément vide. De désir, autant que de vie. Ou pas loin. Je comprends maintenant pourquoi les Kama font rarement de vieux os. L’eau fraîche devra suffire pour me recomposer un masque adéquat. De ceux qui font rêver et participent à la promotion de l’Ordre. Ils vont tous nous ruiner. D’une manière ou d’une autre. Je ne sais même plus pourquoi je suis là. Comme systématiquement entre deux immersions. Ça passera, ce n’est pas la première fois.

Encore cinq minutes. Le temps de réapprendre à respirer.
Je hais ce putain de boulot. Mais je ne peux plus m’en passer. Je ne sais plus rien faire d’autre qu’attendre fébrilement de poser mes mains sur le prochain client. Le préparer. Le soigner. Et le combler. Presque comme le ferait un amant.

Prendre mon pied avec des étrangers.
Je suis une pute. Un esclave aux faux airs de maître de cérémonie. Comment peuvent-ils se laisser duper ? Il faudra que je songe à l’interroger. Inutile en fait, la réponse je la connais. C’est la même raison qui me fait rester dans les bras étouffants d’Azenath. L’Immersion mène au Paradis.

La mémoire de l’extase sans cesse renouvelée suffit à faire se mouvoir mon corps éreinté.
Je crois que j’y serais allé en rampant s’il avait refusé de bouger normalement. Je me serais trainé sur les dalles de pierre taillée, au lieu d’arpenter avec une majesté factice les couloirs tortueux menant à la nef. Ça aussi, on me l’a enseigné. J’ai été façonné, modelé, forgé. Enchaîné. J’entends tinter les fers à mes pieds. L’angoissant raclement du boulet que je traine derrière moi s’atténue à chaque pas. Avec elle, je l’oublierai. Il faudra que je songe à la remercier.

Depuis le bas côté, j’aperçois sa silhouette sagement assise sur un banc face à l’autel.
A quoi pense-t-elle ? Devant les opulentes dorures et l’immense vitrail en ogive, par lequel filtre une lumière aux teintes multiples et invraisemblables. Face au Christ agonisant cloué sur la croix. A-t-elle la foi ? En Dieu ? En elle ? En moi ? Une fois encore, je me rends compte que malgré les mois écoulés et nos rencontres plus ou moins espacées, malgré l’étrange intimité partagée dans l’alcôve de la chapelle… Je ne sais rien d’elle. Tout juste son nom. Tant mieux ? Tant pis ? En marchant à sa rencontre, j’ai la soudaine envie de lui poser toutes ces questions. Peut-être pour rendre moins sinistre la réalité de cette mascarade dont je suis l’un des pathétiques ouvriers. Reprends-toi Eden. Elle n’est pas la Vierge miséricordieuse et tu n’obtiendras pas l’absolution. Ni la délivrance. Fait ce pourquoi tu es payé, sans tergiverser. Il demeure au moins le plaisir. Ephémère. C’est toujours mieux que rien.

J’en suis convaincu, tandis que je la rejoins et me glisse dans son dos entre deux rangées.
Nul besoin de m’annoncer. Si elle n’a pas entendu le bruit de mes pas, l’heure sonnée par le carillon du beffroi lui dira que c’est ma main qui effleure sa joue. Mes doigts qui glissent sur l’arabesque de son cou. Puis viennent se poser en douceur sur le fin tissu de sa robe, épousant l’arrondi de son épaule. Sa peau était encore chaude des rayons de l’extérieur. Ma paume, marmoréenne. Qu’à cela ne tienne, l’Immersion lui rendra vie, à elle aussi.

- Nina.

Rien que son nom. Prononcé à mi-voix.
Bonjour est l’un des termes les plus insipides que l’ont puisse trouver. L’entrée en matière doit être plus intime qu’une banale marque de politesse. Un prélude à la cérémonie tant attendue.

- Tu m’as manqué.

Rien que des mots. Ni mensonge ni vérité.
Les prémices de la fièvre qui habitent ma voix, modulable à volonté par la grâce de l’Ordre, leur donne leur crédibilité. Tout autant que les avoir murmurés. Une confession à laquelle je finirais presque moi-même par croire, alors que je la livre en me penchant vers son oreille, accentuant la pression de ma main sur elle. Mes doigts se serrent une fraction de seconde sur le tissu, avant que je ne me redresse pour la laisser libre de se mouvoir à son gré. Libre d’esquisser le second mouvement du pas de deux que nous allons danser.
Comme si quiconque entre ces murs était libre de quoi que ce soit.
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Quand le manque devient trop grand [Eden] Empty Re: Quand le manque devient trop grand [Eden]

Message par Nina Hagen Dim 4 Oct - 13:46

L'heure et le bruit de ses pas. Je n'ai pas eu à attendre longtemps, il est toujours si ponctuel.
Je ne me retourne pas, je ne connais que trop bien le manège qui se met en place, et je ne ferais rien qui puisse le briser. Alors je joue la fille surprise, je ferme les yeux à ses caresses, au contact froid de ses mains. Tout en sachant pertinemment qu'elles n'ont aucune valeurs, qu'il a été bien éduqué, qu'il a bien retenu ses leçons à l'école des Kamas. Nous ne sommes pas si différent après tout, et il n'y a pas forcément besoin de mots pour le comprendre.
Tout n'est qu'une grande mascarade, une mise en scène parfaite dans un décor somptueux, mais elle est si agréable qu'il est aisé de s'y laisser prendre.
Sa douceur... J'ai l'impression d'être aimée, d'être soutenue, je veux y croire alors j'y crois et fais taire la petite voix au fond de moi.
Et c'est peut-être ce moment que je préfère, celui des retrouvailles, sa voix qui susurre mon nom avec sensualité, créant le désir. Il sait ce dont j'ai besoin, et il le fait à merveille, sans doute se conduit-il autrement avec d'autres ?... D'autres, j'en serais presque jalouse.
Je suis ta préférée, hein ? Non certainement pas, mais il me suffit de croiser son regard pour m'en convaincre. Et il faut au moins ça pour compenser ce que je ressens à son égard, et qui ne souffre d'aucun mensonge. Lui et ma drogue sont intimement liés, il me manque autant que la séance en elle même. Il représente mon île de douceur dans cet océan bien trop agité.
En quelques secondes, tout en lui a fait disparaitre mes doutes, j'accepte pleinement ce petit jeu, tout ce qui se dit devient la vérité, et j'en oublis que ce n'est qu'un acteur.
Emmène-moi au paradis, il n'y a que toi qui en est capable.

Tu m'as manqué aussi.


Je me lève maintenant, avec une envie soudaine de profiter pleinement de chaque seconde avec lui, de garder cette proximité. J'attrape son épaule, froisse le tissus de sa chemise et glisse le long de son bras pour glisser mes doigts entre les siens, et serrer sa paume contre la mienne. Je suis prête.
Il faut aussi que je lui parle, avant l'immersion, après je n'en serais plus capable. De mes soucis, des conséquences probables. Quelques instants plus tôt, j'aurais pensé que lui en parler ne servirait à rien, qu'il n'y peux rien, il fait son métier et c'est tout, il n'en a rien à faire de moi, si je ne viens plus, il y aura quelqu'un d'autre. Mais c'était avant de le revoir, avant d'y croire parce que cela fait du bien, à mon cœur et à mon égo, avant d'oublier que me faire croire ça, c'est son métier justement. Qu'il est la prostituée et moi le client.
Alors tout en avançant et pour la première fois, je lui parle, de moi. Confessions au creux de l'oreille.

Je ne sais pas si je vais pouvoir continuer à venir encore bien longtemps. Les affaires vont mal.
Et puis le manque devient trop important, trop insupportable les derniers jours, je ne tiens presque plus, je ne sais pas quoi faire. Et je ne veux pas rapprocher les séances, parce que je n'en ai pas les moyens, et parce que je sais où cela me conduirait...
Pourtant, j'aime la musique, et je t'aime.


Et je le pense sincèrement, résultat logique de l'intimité dans laquelle nous plonge les immersions.
Et mes yeux supplient, ne m'abandonne pas, fais moi croire ce que tu veux, peu importe si dans une heure ce n'est plus vraie, j'en ai besoin, là et maintenant.
Je me fous de tout, j'ai juste envie que ce soit vrai, au moins le temps de la séance.
Parce que d'émotions et d'amour c'est bien de ça qu'il s'agit, et c'est bien ça que procure la musique.
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