Un bon petit resto [Henrika]

Les foules se massait autour de la place centrale. Si on pouvait appeler "place" cette placette de cet endroit. La placette de cet endroit. Petit mais pourtant bondé de monde. Les malades, les prostituées, les mendiants et les bars et hôtels miteux s'y entassaient. Il était réellement difficile de croire qu'il pouvait y avoir autant de monde dans les bas quartiers. Toutes la population et tout les commerces les plus miteux s'y entassaient.
Les mendiants se jetaient presque sur les passants, les prostituées se tenaient devant les portes, les commerçants hurlaient pour couvrir tout ce vacarme.

Et tout ce bordel c'est pire sous la pluie, bien pire...

Me disais-je. En effet, non seulement il pleuvait des trombes d'eaux, mais en plus il faisait noir. Les lueurs des commerces et des diverses bars émettaient une lueur sale, et les visages mouillés, balafrés et crasseux apparaissaient comme autant d'horreurs terrifiantes.
Les plus chanceux pouvaient s'offrir un manteau. Ils ne vivaient en général pas très longtemps. C'était en grande partie pour cela que je restais sur mes gardes, près à me défendre, moi et cette Henrika, bien que j'eus du mal à l'imaginer en position de faiblesse.
Elle était accrochée à mon bras et ne semblait nullement impressionnée. Elle semblait être réellement familière à tout ça.

Ne vous inquiétez pas, les bons restos existent dans ce coin là, je vous assure.

Je distinguait à peine son visage tant la pluie était violente et la nuit noire. Nous fîmes encore un bout de chemin sous les regards envieux des mendiants, pour finalement arriver devant une porte, ouvrant sur un bâtiment miteux.
Un homme se fit jeter par cette porte par un gros bras à l'air patibulaire. Le pire, c'était qu'en plus la nuit se rajoutaient les ivrognes...
Nous entrâmes sous le regard attentif du videur.
Mes narines durent assaillies par l'odeur de l'alcool. En effet nous arrivâmes dans une salle remplie. Partout s'élevait des rires, des cris et des chansons paillardes. Cet endroit tenait effectivement plus du bar que d'un restaurant, tant l'odeur d'alcool était forte. Je trainais Henrika à une table un peu à l'écart, plutôt difficile à trouver.
Je la défis de son manteau, ainsi que du miens. Nous nous assîmes.

Un endroit bien peu romantique je sais. Quoi de mieux pour un représentant de l'ordre ? Je pourrais vous zapper et me cacher sans que personne ne remarque rien, ces idiots étant plus occupés par leur bière que par le reste.

Je lui lançais un clin d'œil, accompagné d'un sourire.

Très bonne leur bière d'ailleurs. Sous ses airs de bar complètement pourris, c'est l'un des resto des bas quartiers ou l'on mange le mieux, on ne dirait pas n'est-ce pas ? Il faudrait juste qu'ils engagent des videurs plus compétents.

Je jetais un regard un gros colosse de l'entrée, déjà bien imposant.

Pas trop éprouvée par cette marche ?

Dis-je en adoptant l'air le plus détendu possible en attendant l'arrivé du serveur.

[Désolée pour l'attente]

Une fois que j'eus accepté le resto, Niklaus se mit en route et je le suivis. Il se remit à pleuvoir et je me félicitais d'avoir pris mon chapeau qui me protégeait les yeux des trombes d'eau. Tandis que nous nous enfoncions dans les bas-quartiers la foule se fit plus dense et plus agitée, fourmillant des habitués de la nuit. Pour ne pas perdre mon enquêteur dans cette masse humaine, je m'accrochais à son bras, sans y mettre trop de familiarité. Il ne fit aucun commentaire. Je me laissais guider tout en observant les lieux. Je ne venais pas très souvent dans cette partie des bas-quartiers, mais je pus constater que c'était assez animé, comme il se doit dans cette zone de la ville.

A l'affirmation de Niklaus, je ne répondis qu'avec un hochement de tête.

Une fois arrivés à destination, un restaurant qui tenait plus du bar vu les énergumènes présents, nous nous installâmes, et mon compagnon du soir fit preuve d'un grand savoir-vivre en me débarrassant de mon manteau. Je posai mon chapeau sur le bord de la chaise.

Un sourire malicieux étira mes lèvres suite à la remarque pertinente de Niklaus, et à son clin d'oeil. Le romantisme n'était pas au rendez-vous, c'était certain, mais en même temps nous venions seulement de nous rencontrer. Le cas contraire m'aurait peut-être mise moins à l'aise.

- C'est pas faux. Un lieu idéal pour une disparition... Et qui cache bien ses qualités gastronomiques.

Je titillai un peu mon interlocuteur tout en restant légèrement méfiante, on ne sait jamais. Je jetai un regard circulaire, observant ce petit resto et ses clients. A mon avis, le videur semblait compétent, sa musculature était imposante.

- Pourtant il semble plutôt bien faire son office le videur, dis-je d'un ton amusé. Et non, je ne suis pas éprouvée par cette marche, j'y suis habituée. Et vous?

Je ponctuai ma phrase d'un petit sourire à la limite du rire. Etant une habitante des bas-quartiers, j'en connaissais bien l'atmosphère particulière, et marcher était une habitude prise depuis un certain temps déjà. C'était gentil de sa part de s'enquérir de ma santé.

- Je ne connaissais pas ce resto. Vous qui semblez un habitué des lieux, que me conseillez-vous de choisir?

En attendant le serveur, je questionnais de nouveau mon interlocuteur, directement pour les plats mais indirectement sur ses habitudes.