The Black Waltz
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Le chat et la souris

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Message par Mad Hatter Mer 30 Sep - 15:13

Ce soir, c’est repos.
Rien à faire, juste une promenade, un peu de temps perdu. Non, le temps n’est jamais perdu. Il y a toujours quelque chose à voir, sentir, humer ce parfum bas de gamme de la triche. Peut-être dans ce regard qui fuit le mien, peut-être cet homme qui rase les murs comme un canif sur la gorge, trop prés pour ne pas cacher quelque chose. A voir.

La rue.
Glauque à souhait. Je l’aime, j’aime sa nuit, j’aime quand ça flambe aux fenêtres, les lumières dans la nuit qui oscillent avec les courants d’air.
Le jour, c’est différent.

Ce coin là , j’y viens souvent, le soir pour faire des petites tournées, la tournée des popotes à grands coups de matraque derrière la tête, là où ça craque et que les jambes sont coupées de leur force. Trop facile. Ils tombent et c’est terminé. Affaire classée.
Ce soir… je traine. Pas envie qu’on m’emmerde. Alors, je marche sans lever la tête, un œil discret sur tout ce qui bouge, prêt. Comme toujours, si je vois un transgresseur, je lui apprends les règles, je lui enfonce la Loi dans le crane, mais gentiment, je tape pas trop fort, juste ce qu’il faut pour remettre les idées dans le bon ordre, celui qui doit être.
Y a des jours avec, et dans sans. Les sans, c’est quand je tombe sur un putain de groupe de résistants.

Je bosse seul, je préfère. Je fais du chiffre, alors ils sont pas trop regardants et ils me laissent tranquille.
Et seul, c’est plus compliqué quand les rats sont en nombre. Ça fait plus mal, parfois je décampe, faut rester lucide et pas se prendre pour un dieu.

Il flotte. Comme si c’était pas assez humide.
Se mettre à l’abri, c’est bien, surtout dans cette petite imprimerie. Une imprimerie ouverte le soir… les imprimeries, ça impriment, tout, même les tracts et les tracts, ça peut conduire au résistants. C’est le job, trouver l’opportunité.

Toc-toc.. Salut chérie, c’est moi.
Non, je la ferai pas celle-là, j’ai pas le déguisement.
J’entre, je m’essuie les pieds. Je saisie un papier, un tract publicitaire ou n’importe quoi. Je m’en fous, je lis même pas ce qu’il y a dessus, je fais juste semblant, pour la forme, pour avoir l’air, le temps de sécher.

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Message par Nina Hagen Mer 30 Sep - 16:05

L'odeur des emmerdes, je commence à bien la sentir tout autour de moi.
Et ce matin, j'aurais dû me porter pâle, je m'y serais engouffrée moins vite. Et puis je peux compter sur Max et Tanja pour faire le boulot sérieusement. Je le savais qu'il fallait pas que je me lève, rien qu'au regard félin que m'a jeté Wagner quand j'ai ouvert les yeux, ce petit Wag que j'ai recueilli y'a quelques mois. Il ne miaule pas lui non plus, je le vois sur son faciès et ça me rend triste à chaque fois. Je pense à ma mère et à son vieux matous, elle me disait qu'il avait un miaulement très rauque, très étrange, mais ça n'a jamais voulu dire grand chose pour moi. Elle me disait aussi que les chats avaient arrêté de miauler pour les humains peu après les lois sonores, ils avaient compris qu'on ne les entendait pas et que ça ne servait plus à rien. Ce pauvre Wag ne miaule presque jamais, il ne connait pas d'autres chats.
Mais j'ai quand même repoussé la petite boule de poil pour ingurgiter un café dégueulasse et beaucoup trop noir avant d'enfiler quelques fringues au hasard et de rejoindre les docks en métro.
J'échappais aux assauts de quelques dealers tardifs et j'ouvrais mon imprimerie, espérant recevoir de nouvelles commandes... Mais rien.

Depuis trois mois c'est comme ça, le prix de l'encre ne cesse d'augmenter, j'ai pas pu négocier avec le fournisseur pour la vieille encre que j'utilise, rien à faire, c'est même pire que pour l'encre nouvelle génération. J'ai été obligé d'augmenter graduellement mes prix, et les clients ont fuis. Ils continuent d'ailleurs.
Je ne trouve pas de meilleur fournisseur, alors me voilà bien coincée. La seule solution momentanée que j'ai trouvé, c'est de virer un des employés, mais je sais bien que d'ici quelques mois, il faudra que je ferme l'établissement et que je trouve un nouveau job. Mais là tout ce qui compte, c'est que je gagne assez pour me payer mon immersion, et si je garde Max, le mois prochain je ne pourrais pas.
Ça fait des heures qu'ils sont parties, libérés en avance pour cause du manque de travail, et des heures que je retourne les chiffres pour essayer de trouver une autre solution, mais rien y fait. Je lui ai même quasiment déjà annoncé, quelques mots pour lui dire de se renseigner ailleurs, au cas où. Il faut que je le dise à Tanja aussi, qu'elle commence à regarder les offres de jobs, je ne voudrais pas qu'elle finisse dans la rue.

J'aurais dû rentrer chez moi plutôt, au lieu de ça, j'ai enchainé les clopes toute la journée, et entre deux, je me suis rongée les ongles, c'est devenu comme ça, quelques jours avant mon immersion, et c'est de pire en pire, les clopes et mes ongles me calment un moment, mais je deviens accroc, je le vois bien, Tanja aussi, j'ai vu son regard en coin sur ma descente de tabac. Le fait est qu'aujourd'hui j'ai plus dépensé en cigarettes que mon entreprise n'a gagné... Et quand l'immersion sera passée, je serais à nouveau non fumeuse pour quelques temps, jusqu'à ce que je sois en manque. Et ça forcément, ça n'échappe à personne.

J'aurais vraiment dû rentrer chez moi plutôt, c'est ce que je me dis à ce moment précis, me relevant sur mon siège tout en recrachant une volute de fumée. Il n'a pas fallut plus d'une demi-seconde pour que mon cœur s'emballe, que mon estomac se retourne et que mes intestins se nouent. Cet homme qui vient d'entrer, bien caché sous sa cape et son grand chapeau, je ne le sens pas. Certainement pas un oiseau de bon augure. La nuit n'apporte que des ennuis comme on dit. Heureusement, il me reste des clopes, j'vais en avoir besoin.
C'est quoi ça ? Une inspection ? Le genre de client qu'on ne voudrait pas avoir ? Un pervers qui traine dans le coin ? Voilà que je recommence à me bouffer un ongle, et en vrai, je crois que je n'ai jamais eu aussi peur de la seconde à venir.
J'ingurgite et j'ose ouvrir la bouche, tremblante. Si j'étais coupable de quelque chose, ce serait un véritable aveux.

L'im-imprimerie est fermée...

...


...Mais je peux pe-peut-être tout de même vous aider ?
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Message par Mad Hatter Jeu 1 Oct - 23:27

Les lambdas… médiocres petits vers….
Regarde là, elle, cette femme qui tremble dans ses collants comme une frite dans sa friture.
Au fond, c’est pas étonnant, tout le monde se méfie de tout le monde, surtout ceux qui ont quelque chose à se reprocher.
As-tu quelque chose à te reprocher… tu es si nerveuse.

Je te fais peur ?
Oui, sans doute. Surement l’air. L’air… de quoi ai-je l’air ? J’ai du mal à savoir ce que les gens ressentent, ce qu’ils voient de moi, en moi, ce que j’inspire. Crainte, peur, dégout.
Je ne sais même pas si je plais.
Est-ce que je te plais ? Petite lambda…

« L’imprimerie est fermée » Alors pourquoi la porte ne l’est-elle pas ?

La porte était ouverte.

Je la regarde trembler dans ses chaussures bon marché, faut dire que les temps sont durs. Il parait. Pas besoin de chercher longtemps, c’est pas un endroit où on croule sous l’or.

Je cherchais un abri.

Je désigne du menton la porte, la rue, la pluie.
Je froisse le papier, celui que j’ai pas lu, et je le jette par terre.
Je m’approche d’elle.

Elle doit faire dans sa culotte.
C’est amusant de savoir qu’on peut faire peur, de lire dans les regards la crainte, les doutes « Est-ce un Monarch ? Que vient-il faire ici ? Qu’est-ce que j’ai fait ? » Même quand on n’a rien fait, on se pose la question, on se retrouve dans la peau d’un enfoiré et on n’y peut rien, c’est comme ça, juste un processus parfaitement huilé, bien ancré dans la cervelle.
Si je fais « BOU ! », elle va tomber dans les pommes ?
Pathétique.

Je me contente de lui prendre sa clope.
Elle a du avoir la frousse et appeler sa maman en hurlant au secours dans sa boite crânienne.
Pourtant mon geste était simple, sans menace.
Je t’ai pas agressé, petite sotte, alors décoince, rien qu’une envie de te piquer un truc.

Vous permettez ?

Comme si elle avait eu le choix.

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Message par Nina Hagen Ven 2 Oct - 17:32

La porte était ouverte, oui bien sûr, crétine. Mais le panneau "frapper avant d'entrer" lui est toujours là, mais j'imagine que ça ne doit pas le préoccuper plus que le tract qu'il vient de déchirer. C'est mon travail que tu détruis là, tu sais !
Et moi je me pisse dessus, pas encore au sens propre, mais suffisamment pour ne pas lui faire remarquer le fait précédent. Ce mec me fout les jetons, plus que ça même. Qu'est-ce qu'il vient faire dans le coin à cette heure ? Si c'était un pervers je présume qu'il m'aurait déjà sauté dessus, un dealer, je ne crois pas, il ne reste que ma dernière hypothèse... Un représentant de l'ordre. Un... Non, je ne préfère même pas y penser. Je les ai déjà vu faire, t'as intérêt à bien te tenir avec eux, même si tu n'as rien fait, il suffit d'un semblant d'insolence pour finir au rang des coupables, un coup dans le ventre et a recraché tes dents sur le sol. Et moi je n'ai ni couilles, ni besoin de prouver que j'en ai, alors si c'est bien ça, je viens de devenir son pantin.
Oh et puis, qu'est ce que j'en sais ? C'est surement juste un type louche avec une cape, et les types louches, c'est pas comme si c'était rare. Il cherche peut-être juste un abri le temps que la pluie, comme il le dit si bien.
Mais je ne peux pas m'empêcher de penser que ça sonne faux... Il n'a pas une tête à s'arrêter pour une pauvre petite pluie. Enfin, ça aussi, ce n'est que pure supposition.

Et maintenant, c'est une nouvelle danse qui commence.
Lui, l'homme qui tient les rênes et moi, la femme qui suit, contrainte.
A peine quelques protestations, tout de suite étouffées.
Il avance, je recule.
Et s'il va à droite, j'irais à gauche.
Ai-je le choix ?
Mais ce n'est pas un tango ou une salsa, rapprochement des corps sensuel.
Non, c'est le jeu du chasseur et de la proie, de celui qui effraye, et de celle qui crie d'effroi.
Tu dois y prendre un malin plaisir n'est-ce pas ?
Maître de la moindre de mes émotions, de mon avenir proche et même de ma vie.
Je suis la proie sans défense, et qui ne peut même pas fuir, car fuir quoi ? Concrètement, rien, et pourtant un frisson de terreur me parcourt.

Tu attrape ma clope, je sursaute, et tu n'y prête aucune attention, parce que tu connaissais ma réaction, jeu ou dépit ?
J'en rirais presque, les nerfs. Je soupire et j'attrape une autre cigarette, pour avoir l'air de rien, et parce que maintenant qu'il a pris la mienne, il en faut bien une autre pour m'apaiser.
Et non, je ne permets pas, mais ça ne change rien.

Je recule un peu pour aller m'assoir sur une autre table, à quelques mètres, adossée contre une étagère, le bras fumant posé sur un de mes genoux, je le regarde terminer ma clope, m'enveloppant moi-même des fumées de mon propre feu, pour cacher mon visage, et même peut-être pour disparaitre derrière, comme dans les spectacles de magie, gamin et inutile. Lui, il a l'air d'être du genre à faire souffrir son entourage, ennemis comme amis, s'il en a. C'est l'impression qu'il me fait, du moins, passée la frousse.
Enfin, la frousse, je l'ai encore, mais cette minute de pause, la fatigue et le tabac m'aident quelque peu à la mettre de côté.
Je sens que je vais passer la nuit ici, et d'ailleurs s'il demande, je vis ici. Et comme la nuit est partie pour être longue, autant la combler, ou l'écourter.
Wag doit avoir faim et se sentir bien seule en plus.

Puis-je vous demander qui vous êtes ?
Et si vous comptez rester ici juste le temps de la pluie ? Toute la nuit ? Plus longtemps que ça ?

...
Que je sache tout de suite si je dois préparer un lit ou pas.


Je ne voudrais pas qu'il croit que je veux le virer, même si c'est plus ou moins le cas. Plus vite il partira, plus vite la vie reprendra son cours normal, mais plus vite il en viendra au but, plus vite ce qui doit arriver arrivera... Et je ne connais toujours pas ce but.
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Message par Mad Hatter Lun 5 Oct - 0:13

Je ne sais pas quoi penser de la scène qui se déroule, d’elle, la femme. Sa peur, ses craintes et moi au milieu, moi qui ne dit rien, moi qui ne sait pas quoi dire, moi… ce que je suis, ce que je fais, c’est donc si moche que ça ? Je cherche ce qui ne se trouve pas, des réponses sans fin, des actes sans foi, des lois sans foi, des fois que… j’entends dehors, la pluie qui tombe dans la flac devant la vitrine. Plic… plic. Ce bruit qui ressemble à la pluie d’hier, et hier…qui étais-je ? Cet enfant qu’on enleva dans mon rêve toujours ce rêve, toujours le même, toujours ces cris, ces coups, ces larmes, la peine, la rage, les hurlements un soir dans la nuit.
Et le silence.

Je regarde la femme assise, je fume sa clope, j’avale et recrache sa fumée sans la quitter des yeux, sans oser regarder plus d’elle, son décolleté, ses jambes, sa main posée sur sa cuisse et la fumée qui s’étiole dans la lumière blafarde de la boutique.
Je suis le chat et toi, la souris. La jolie souris qui a peur du chat. Le vilain chat qui joue à faire peur à la souris. Juste un jeu.
Pourtant, je sourie pas, je sourie jamais, c’est pas dans la norme, pas dans la loi, ou alors j’ai pas appris. Faut dire que pour sourire, il faut des raisons et des bonnes, et là, ici, dans la boutique aux lumières amorphes, des raisons, j’en trouve pas.
Des justifications, c’est tout ce que j’ai pour tenter de sourire. Pas de quoi pavoiser.
Alors, je sourie pas, même quand elle me propose un lit.

Ouais, ouais, le monde est moche, le monde est triste, le monde est injuste, cruel et difficile, on connaît la chanson, on se l’entend raconter à tous les coins de rue, à toutes les fins de rames, c’est le même refrain, celui là on devrait l’interdire, ça éviterait des tracasseries casuelles.
Et toi chérie, que vais-je faire de toi, qui es-tu et quelle vilaine chose caches-tu dans ton arrière boutique. Et si je fouillais derrière les fagots, ces tonnes de paperasses encrées qui servent… qui servent qui d’ailleurs…

Faut causer, parait que le fais pas assez souvent. Alors, je cause.

Mad… Et vous, vous êtes la propriétaire ? Oui, sans doute, oui.
Je ne vais pas rester, juste le temps que... ou alors il me faudrait une bonne raison.

Permettez que je reste le temps que la pluie se calme ?


Pourquoi je demande… j’ai pas besoin de sa permission.

Vous faites aussi hôtels ?


Là, je me fous carrément de sa gueule. C’est pas gentil, non c’est pas gentil. Ça passerait mieux avec un sourire, mais celui-là…

Je lâche sa clope, je l’écrase du bout de la chaussure.
Je m’attarde un peu sur son mollet, sur sa main, ses doigts longs et fins, les ongles salis d’encre.

Pourquoi je reste, pourquoi je la chope pas par le bras pour l’embarquer dans l’arrière boutique et mettre à sac son imprimerie.
Pourquoi j’ai les mains moites.

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Message par Nina Hagen Lun 5 Oct - 16:48

Qu'est-ce qu'il me veut ?
Qu'est-ce qu'il a à me regarder ainsi ?
Je n'aime pas ça, et ça doit commencer à se voir. Je tapote le bout de ma clope avec mon pousse, nerveusement. Je me boufferais bien un ongle si ça pouvait le faire détourner l'œil ne serait-ce que deux secondes.

Merde, je commençais à me détendre un peu quoi. Tu fais chier. Toi, ton regard, tes mots, juste de venir perturber ma petite vie minable. Je n'ai rien demander à personne. Et encore moins à toi, l'inconnu du soir. Mad, de ton petit nom... Mauvais... Putain, mais c'est quoi ce nom ? C'est un surnom, c'est pas possible, un mauvais surnom d'ailleurs. Que ce soit l'un ou que ce soit l'autre, de toute façon, je ne veux pas savoir ce que t'as fait ou ce que tu feras pour le mériter ce nom.
Et tu vois là maintenant, je commence même à m'énerver malgré la trouille qui me barre le ventre, et que tu viens de me rappeler avec tact. J'aurais pas un instant de répit tant que tu seras là, hein, c'est ça ? Tu sais qu'avec ton allure, y'a pas tellement besoin d'en rajouter avec les mots.
Oui parce que le coup du "ou alors il me faudrait une bonne raison" j'ai carrément tiqué, et pas que mon cerveau, y'a pas que la clope sur laquelle je passe gentillement mes nerfs désormais, y'a la table aussi, avec l'autre main, et le pied, et le genou qui se balance de droite à gauche. On dirait une gamine surexcitée avec une tête de déterré. Ça veut dire quoi ça, une bonne raison ? J'aimerais bien comprendre, y'a bien mille possibilités qui fusent dans mon esprit, plus ou moins alléchantes, plutôt moins de manière général, et j'aimerais bien un petit coup de main pour faire le tri.
Merde.

Tu fais bien de te permettre tout seul oui, parce que s'il fallait répondre, j'aurais pas vraiment dit oui. Juste un regard suffira, de toute façon je ne l'ai pas quitté des yeux depuis le début, sauf les rares fois où j'ai croisé le sien, et que j'ai fuit aussitôt. Petite souris dominée comme je suis. Tu peux m'attraper monsieur le félin, tu gagneras sans aucun doute, mais tu n'attraperas pas mon regard. Sauf à cet instant, mais c'est moi qui attrape le tiens, juste pour te montrer mon ravissement.
Ai-je le choix ? Non. Et il n'y a qu'à cette question que je peux répondre non. Pour le reste... Je ne suis pas en mesure de contester quoique ce soit, je peux juste prier qu'il ne me veuille pas de mal... Mais il s'appelle Mad.

Si tu veux rester, tu reste.
Si tu veux prendre quelque chose, tu le prends. Même moi, tu vois.
Fais comme chez toi.
Si tu pouvais juste arrêter de prétendre, et de faire dans la fausse politesse, j'aurais moins l'impression qu'on se paye ma tête... Mais comme je n'oserais pas ouvrir ma jolie gueule pour te le faire comprendre.

Vous faites aussi hôtels ?

Ça, c'est la cerise sur le gâteau, le moment où l'énervement commence à prendre le dessus sur la peur, celui où j'ai envie de dire une connerie que je vais regretter aussitôt, mais je me retiens, encore, et j'arrive tout juste à glisser, sur le ton le plus aimable possible :

Je vis ici. Et les amis ont besoin d'aide parfois.

Mais pas toi, non, ne te considère pas dedans. Toi, j'ai juste l'impression qu'on ne te dit pas souvent non, que si je te dis non, tu risque de le prendre très mal, Mad.
Cependant et soudainement, je ne peux plus me retenir... Ce mégot que tu viens d'écraser par terre avec ta chaussure, ce sol, le mien que tu viens de souiller. C'est ma tête que je visualise sous ta chaussure, ce que j'y lis, ne me plait pas du tout, et c'est trop pour moi. S'inviter c'est une chose, détruire c'en est une autre, le sol n'est peut-être pas très propre, mais ce n'est pas une raison. Et la façon dont il parcourt mon corps...
Mes poings ses serrent.
Mon ton se fait dur, et sec, haineux, autant que mon regard.

Les cendriers existent, même pour les gens comme vous.
Mais je vous en pris, faites comme chez vous, et...


Et non rien, à sa tête, il vaut mieux pas que je continue.
Et voilà la connerie, et les regrets immédiats. Je n'ose plus le regarder, je le fuis, à tout prix, ne jamais me tourner vers lui. Il faut que je bouge, je n'en peux plus d'être assise là, il faut que je fasse quelque chose. Je lui aurais bien proposé de l'alcool, si j'en avais, histoire de changer de sujet, de détendre l'atmosphère, mais c'est bien hors de mes moyens. La seule chose à faire que je trouve, c'est d'aller éteindre ma cigarette dans le cendrier, sur le bureau, juste à côté de lui, bien trop près, mais je ne trouve rien d'autre. Et je reste là, à écraser consciencieusement le mégot, à le plier dans tous les sens, à ne pas penser à ce qu'il va se passer après, concentrée sur mon cendrier.
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Message par Mad Hatter Mer 7 Oct - 0:19

Combien elle me déteste, je peux le lire dans ce regard qu’elle me jette, un instant, court instant, juste le temps de me fusiller, de me cracher au visage tant sa colère est grande, si grande que je reçois son crachat en pleine tète, en plein visage, sur ma joue où il laisse un filet amer, une trace glaciale, une cicatrice pour quelques temps.

Je saisie la main au poignet, celle qui écrase ce mégot rougi de rouge à lèvres.
Je serre. Surement trop.
Ce geste m’agace, ce mégot qui sent mauvais comme tout ici, tout ici, sauf… toi.
Et pourtant je serre ton poignet.
Je sens le sang s’agglutiner sous mes doigts, les veines écrasées, trop serrées pour laisser filer la vie. Ton cœur tape dans ma main, il bat, fort et sur, apeuré aussi, fidèle à sa maitresse la boutiquière, l’imprimeuse.

Je ne lâche pas ce poignet, j’aime ce tapage au creux de ma main, j’aime ce cœur qui me parle entre les doigts, ce chant chaotique et pourtant rythmé.

Je lève les yeux, mon regard qui a croisé le tiens déjà pour y prendre froid, mais pas cette fois. Cette fois, je te regarde fixement, je pénètre dans tes iris, je fouille ta cornée avec cette image de moi qui te fait si peur. Je crois que tu es pétrifiée, ou bien… c’est moi.
Tes yeux…
Si…
Tellement…
Je baisse le mien, mon regard. Je fuis le tiens, trop exigent pour celui que je suis, Mad.
Le fou. La folie, oui, je crois que suis fou, en tout cas, c’est comme ça qu’on me surnomme dans la brigade, le fou.
Je suis violent, impitoyable, perturbé, sans faille. Ça c’est l’image qu’on a de moi, ce que je veux bien livrer aux chiens comme un os à ronger. Le festin des crétins. Ceux affables et curieux pour un rien, qui s’enlisent dans le besoin de savoir, de connaître l’autre, tout ce qui est salas. Toute la fange de la vie des autres, ça les rassures sur leur minuscule et pathétique existence.
Je leur donne ce qu’ils veulent, l’os à ronger.
Pendant qu’ils rongent, les chiens, je fais ce que je veux, je mène ma vie au gré de mes besoins.

Et si tu étais un de ces besoins, toi.
La femme.

Je relâche ma prise, doucement comme on laisse aller la ligne dans la flotte, parce qu’on a décidé que c’était mieux.
Ton pouls s’échappe, il ne fait plus que caresser ma peau du bout d’une systole.
C’est mieux comme ça.
Tu n’as plus mal. Moi si, parce qu’il ne bat plus, ou seulement de loin.
Tout ça est idiot, tu es comme eux, comme tous.
Je laisse aller ta main, je reprends la mienne, c’est bien ainsi que les choses vont.

Je n’aurais pas décroché le moindre mot. Mes gestes seuls, t’ont parlé.

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Message par Nina Hagen Jeu 8 Oct - 1:30

L'inutilité des mots, des paroles, des phrases.
Elle est si flagrante.
J'aurais pu crier que cela n'aurait rien changé, ou peut-être que si en fait, ça aurait fait toute la différence, rien ne me serait rester sur le cœur. Mais là, j'ai beau triturer ce pauvre mégot, je le sens bien que la colère est toujours là, dans la crispation de mon visage, dans mon regard que je sens meurtrier et dans la détermination que je mets à écraser ce pauvre filtre. Oui un filtre, il ne faudrait pas trop s'empoissonner non plus.
Et en fait je ne sais, c'est peut-être tout simplement la nicotine qui a arrêté d'agir, qui a surtout arrêté de calmer mon manque. Ou encore juste un gros mélange de tout ça, mêlé à la colère et à la peur. Un gros capharnaüm, un vrai bordel là-haut, j'en ai mal au crâne.
Mais je n'en suis pas moins décidée à faire la peau à se filtre, jusqu'à ce que... Jusqu'à ce qu'il m'arrête, qu'il attrape mon poignet et qu'il empêche ma main d'agir. Tu sais que ça m'amusait de faire ça ? C'était très plaisant, mais décidément...
Je romps ma promesse toute fraiche et je relève la tête vers lui, le regarde avec une haine viscérale... Je sens sa main se resserrer sur mon poignet, sa peau rugueuse presser la mienne, une veine qui palpite contre lui aux même rythme que mes tempes, mon cœur qui s'accélère, la douleur.
J'aurais crié, hurlé, je me serais pliée en deux s'il ne m'avait pas regardé au même moment, mais je veux lui montrer encore, à quel point je hais les gens comme lui, qui profitent de leur force et de nos faiblesses, je suis peut-être minable, mais il ne vaut pas mieux, et comme c'est ma seule arme... Alors je sers les dents, puis les poings comme pour contrer la prise, écarter ses doigts, vainement, tant je ne fais pas le poids.
Tu vas faire quoi maintenant ? Me frapper ? Un coup dans la tête et trois dans le ventre ? Ou alors, tu vas me laisser une jolie cicatrice en souvenir ? Pire encore ? Hein ? Dis-moi tout !
Les larmes je ne les retiens plus, elles troublent ma vue pendant que les battements sanguin résonnent à me rompre les tympans. Mais je tiens, je soutiens ses yeux, je crois n'avoir jamais été aussi courageuse, je crois n'avoir jamais autant détesté quelqu'un.

Et à ma plus grande surprise, alors que je n'en pouvais plus et dans le peu que je vois encore nettement, c'est lui qui lâche, c'est lui qui fuit, c'est moi qui prend le dessus, toujours mon fin poignet dans sa main. Plus de haine, plus de colère, juste de l'incompréhension, la plus totale. Je me laisse aller à quelques gémissements encore bien étouffés, pliée en deux au dessus du bureau, le front dans la paume. Et je sens le sang revenir à ma main, avec douceur, sa peau rugueuse se défiler, le muscle cardiaque se calmer lentement, au moins dans ma tête. Je m'effondre sur le siège du bureau, massant mon poignet meurtri, visualisant déjà les taches violettes qui vont le recouvrir et je sèche mes larmes tout en m'étalant sur le bureau, têtes dans mes bras.
La seule chose que je bénirais, c'est la décharge d'hormone liée à la douleur...

Les pensées se bousculent, je ne comprends plus... Il voulait me faire du mal, je crois, pourquoi détourner le regard, pourquoi m'avoir lâché de cette façon ? Je ne comprends pas...
Mais peu à peu, chaque pièce du puzzle trouve sa place, tout se remet en ordre. Ma haine, la douleur, les préjugés... Peut-être qu'il n'est pas celui que je pense, peut-être qu'il n'a pas cherché à me faire mal, peut-être qu'il attend vraiment que la pluie cesse... Cela fait beaucoup de peut-être, mais dans un sens comme dans un autre, finalement, je ne sais rien, rien du tout, et si le monde m'a appris à me méfier en premier lieu, peut-être que je pourrais faire le contraire, lui laisser une chance de prouver qu'il ne mérite pas mon animosité immédiate et irrévocable parce qu'il débarque dans mon imprimerie la nuit. Peut-être...
Je me relève sur mon siège et reprends une cigarette, je lui tends le paquet. Clope au bec, je cherche un briquet au milieu du bordel. J'en ai besoin.
J'ai mal au poignet encore, au crâne un peu.

Et quand les volutes de fumée m'entourent à nouveau, que le tabac se consume au bout de mon bras, je lui pose la question qui me tracasse depuis quelques instants...

Je veux savoir qui vous êtes, qui vous êtes vraiment. Je ne parle pas de ce Mad, ce n'est pas vous, ce n'est pas votre nom.

[...]

Je suis Nina, propriétaire d'une imprimerie bientôt en faillite, et je n'ai rien vécu qui mérite d'être raconté. Je suis juste une fille banale qui essaye de survivre, comme tout le monde, une lambda...


Je n'ai pas su retenir un ton sarcastique sur le dernier mot, ce terme est si parfaitement trouvé pour les gens comme moi... Nous ne sommes rien, ni pour nous, ni même pour eux.
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Message par Mad Hatter Sam 10 Oct - 0:24

Je ressens cet émoi, suivi par la colère. La colère ?
Parce que je déteste cet apitoiement, je refuse de voir les larmes qui glissent sur sa joue avec de la compassion, cette humeur des faibles faite pour les faibles. Je suis un Monarch ! Rien qu’un putain de Monarch, pas un de ces chiens qui rampent dans les rues dégueulasses et mouillées des nuits à vomir. J’enrage de la regarder et d’y trouver des raisons de me voir si laid.
En moi, oui tout à l’intérieur. Je cache cette colère qui pourrait jaillir comme une furie, et si… si… je pourrais la jeter au travers de la vitrine. Son corps terminerait au milieu des bris de verre sur le pavé mouillé, sous la pluie qui ravine le caniveau. Avec les rats.

J’enrage au rythme d’un mauvais air ou d’un de ces rythmes interdits, un de ceux que certains rêvent encore d’entendre sans la contrainte de la loi, des règles, des règlements, tout ce qui régit ce monde, ce monde que je déteste…
Oui, je le hais… mais ça, personne ne le saura, je le garde avec les souvenirs qui reviennent chaque nuit au travers de ce rêve.
Et toi, Nina… toi… Que vais-je faire de toi, l’inconnue dans la nuit, dans la boutique qui devrait avoir fermée ses portes depuis longtemps.
Nina…

Je te hais de réveiller la rage que j’enfouis comme je peux, comme un combat quotidien, comme une tuerie dans l’esprit, un massacre pas bien cher aux yeux des autres, ceux qui donnent les ordres.

Et moi, moi je m’exécute. J’obéis aux ordres et je fais. Je tue s’il le faut, je torture par plaisir. Oui, par plaisir pour voir la peur, la terreur dans les regards.
J’ai castré ma cervelle. Je les enduite d’un voile épais comme le sang rouge pour ne rien voir.

Le jour, la nuit, un enfant qui courre, une mère qui écarte les bras pour le recevoir, un père qui pleure le sang qui coule de la tempe de sa femme, de sa mère, de son fils. Quelle importance, j’ai tout fermé, tout recouvert de papier argent pour ne rien recevoir, ne rien entendre, pas les cris, pas les hurlements, et voir, non jamais. J’ai fermé les yeux dans ma tête sur le spectacle de la marionnette que je suis devenu. L’arme parfaite pour réduire à rien ce qui était déjà rien avant.

Je chasse, je suis un chasseur, le limier, rien qu’un putain de chien de chasse, et toi, oui toi qui prends ton visage entre tes mains, toi qui essuies des larmes sur tes joues, toi qui me tends ce paquet de cigarettes, toi, je pourrais te réduire à rien.

Cesse tes banalités Nina.
Je n’ai rien à te dire, rien à faire ici, ou peut-être trouver ce que tu caches et si je trouve, je corrige.
Tu veux que je corrige, Nina ?
Je peux le faire, donnes-moi la raison.

Je peux chercher, retourner ta boutique, fouiller dans les coins où même les chiens n’iraient pas foutre leur truffe.
Alors Nina, dis-moi ce que tu caches.
Dis-moi… Nina.


Dehors la pluie efface les traces, les larmes, le sang sur le trottoir.
J’aurai les mains sales de sang tout à l’heure, comme tous les jours.

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Message par Nina Hagen Sam 10 Oct - 2:07

Un frisson, partant du bas du dos, remontant le long de la colonne, imprégnant les côtes puis terminant sa route sur la nuque et les bras. Il est né dans la froideur de ce silence, à peine briser par le bruit du paquet que je ferme et que je dépose sur la table. Cette vague glacée n'apporte rien de bon.
L'atmosphère devient tendue, difficilement respirable, il faut que j'aille plus vite, respirer plus vite pour être sûre d'avoir assez d'air, toujours plus d'air.
Ces mots m'écorchent la nuque, les lèvres, les tympans, les tripes, brûlent ma peau.
L'émotion déborde et submerge mes yeux.
Le sang remonte, inonde les tempes et le cerveau.
Un marteau martèle le crâne.
Les mâchoires se resserrent à se coller entre-elles.

Il faut que je respire, encore plus vite, une bouffée de nicotine entre deux.
Je déchire le papier qui me tombe sous la main.
Je frissonne, je tremble sur mon siège, je connais la suite des évènements.

Vous êtes de ces foutus Monarch...
C'est sortie comme un cracha, péniblement entre mes dents bien serrées, toujours empreint d'une haine viscérale et d'une peur mal dissimulée. Je me suis laissée abattre deux secondes, juste le temps de me prendre un nouveau coup de couteau dans la plaie de mon effroi, comment ai-je pu croire, oser supposer qu'il ne me ferait pas de mal ?
Maintenant je sais, peu importe que je sois fautive ou non, je serais jugée coupable par le grand jury Mad avec lui-même, et je serais tuée ou emmenée... Je ne veux même pas imaginer où...

Trop, c'est trop.
Dans un élan de rage, je me lève et envoie valdinguer tout ce qui était posé sur le bureau, j'ai besoin de passer ma rage et surtout pas sur lui, je crains bien trop les représailles, alors je marche à droite à gauche, tape contre un mur ou une machine, renverse une étagère. Et en même temps je tente de réfléchir à une solution, n'importe quoi. Une plaquette issue d'une étagère attire furtivement mon intention, le message est clair, immédiatement reçu, et surtout, je ne connaissais pas son existence... Merde Max, c'était ton étagère, qu'est-ce que tu as fais Max ? Tu sais dans quel pétrin tu es en train de me mettre ? Un tract pour la résistance, mais bordel, pourquoi ce soir ? Pourquoi ici ?

Et l'idée, elle est là.
Je garde fermement ma clope à la bouche, et me dirige vers lui, dans un dernier élan de courage, je ne suis pas guidée par l'espoir, je ne crois en rien, mais par la haine, et là, elle se concentre entièrement sur lui, tout le dégoût que j'éprouve se lit en moi, aisément, et elle le foudroierait si elle pouvait...
Ma respiration ne cesse de s'accélérer, comme mon rythme cardiaque, je tremble encore, mais j'ai déjà gagné une fois, je peux le refaire, du moins je crois. Et peu importe, juste pour ne pas être juste un pion ridicule pour une fois, pour sauver le peu d'honneur que j'ai... Je savais que ça arriverait un jour après tout...

Je ne le quitte pas des yeux et je laisse sortir le peu de venin dont je dispose. Je n'ai que les mots.

Vous n'êtes donc rien qu'un pantin prénommé Mad.
Un bon soldat.
Rien.
Juste un mauvais nom et une enveloppe qui va à ravir avec pour cacher le vide de votre existence.
Vous pouvez fouiller partout, vous ne trouverez rien, je n'ai rien à cacher. Ce n'est qu'une petite imprimerie en faillite.

[...]
Mais vous n'avez pas besoin de ça pour m'embarquer ou me tuer, le tout accompagné de quelques souffrances, vous m'avez déjà déclaré coupable, et quoiqu'il arrive je le serais...
Alors allez-y, faites, pourquoi perdre votre temps à fouiller ?


En même temps que je dis cela, je jette mon mégot sur un tas de feuille au hasard, le papier s'embrase, rien d'inarrêtable pour le moment. C'est le geste qui compte, le sens, je ne veux pas brûler mon imprimerie.
Et je tends mes bras en m'agenouillant, comme une prisonnière prête à être emmener.
Je ne le lâche pas du regard, mon aversion est sans limite.

Je te hais. Je te déteste. Je te hais comme jamais.
Toi, et ces stupides lois au dessus que tu suis comme un bon soldat.
Ce monde qui nous prive de la plus belle chose au monde.
Si tu savais tout le mal que je voudrais te faire.
Fais donc moi souffrir si tu veux... Je t'exècre ! Tu me répugne !
Et par dessus tout, je te hais de faire de moi une résistante malgré moi...

Ma tête va imploser.
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Message par Mad Hatter Lun 12 Oct - 20:24



Je l’ai vu.
J’ai vu son geste, sa main, sa cigarette.
Le tract.

J’ai vu sa façon de dissimuler, de faire croire, et de se débarrasser des preuves.
Un cinéma de mauvais gout, une série Z mille fois déjà vue.
J’ai vu son regard, mais ça n’est pas lui. C’est l’odeur que l’on cache, comme une odeur sous les bras, un truc qui ne trompe pas.

Alors pourquoi.

Pourquoi, je ne dis rien, pourquoi je n’ai rien dit.
Je me suis contenté de la regarder faire, foutre en l’air le bureau et bruler ce papier qui a changé son teint pour lui donner celui des menteurs.

Pourquoi, je la laisse m’insulter.
Pourquoi, je ne te gifle pas, Nina.

Je te regarde les bras tendues, agenouillée, ce regard rempli de haine et de rage, cette rage que je connais comme un trou dans ma poche, une vague dans ma cervelle, une histoire d’hier et de demain, de celle qu’on raconte pas parce qu’elle fait bien plus mal qu’une gifle ou un coup à l’estomac.
Je me reconnais dans ton regard. C’est si soudain.
Je revois ce gosse qu’on a pris un soir. Je revois sa colère si pleine d’incompréhension, ses yeux qui pleuraient de cris, les gens autours qui regardaient ailleurs, n’importe où pour fuir, ne pas être pris à parti. Lâche.
Je le vois frapper au sang sur la vitre blindée du camion qui l’emmène.
J’entends ses cris qui ne s’échappent pas du camion camisolé.
Je sens l’amertume de ses larmes sur mes joues.
Et la douleur de ses poings écorchés.

Je regarde le camion s’en aller. Au coin de la rue plus loin, il tourne et disparaît.
Je ne reverrais plus jamais ce gosse.
Dans mes rêves peut-être, où je l’imagine encore libre et s’en entrave.

Le reste.
Du jour et de la nuit, il n’en reste rien. Le vide. L’annihilation de la pureté de l’âge. Les préceptes qu’on grave dans le crane à grands coups.
Fini l’âge des soldats de plomb. Des Kent en plastique. Des Barbie à qui on soulève la jupe pour voir à quoi ça ressemble dessous.
La nuit, il dort sous le lit. Les traitements de nuits sont pires que ceux des journées. Alors, sous le lit, il peut croire à l'illusion qu’enfin, cette nuit, il dormira un peu. Comme un enfant normal.
Il se roule en boule, le sol est froid, la nuit l’est encore plus. Il pleure dans son pyjama, le même que tous les autres. Ses sanglots l’emportent aux pays des rêves interdits, ces rêves qui ne sont pas des enfants.
Propulsé dans le monde des grands, il rêve de liberté. Il n’a plus que ça pour s’enfuir de l’injuste qu’est sa vie.
Le soir, maintenant, est une veillée mortuaire de l’enfant qui voulait voir sous la jupe de Barbie.
Et il crève à chaque levé de rideau sur un jour du lendemain.

C’est peut-être ça qui le fait tomber à genoux, lui-aussi.
Et s’entourer des bras tendus en s’écroulant contre elle. La femme. Barbie.
En sanglots violents, des cris écrasés entre les dents, contre le carrelage froid des nuits de l’enfant du placard.

Un soir, la pluie sur le pavé, le tic-tac d’une gouttière, les pas dans la rue qui résonnent dehors.
Une femme.
Barbie.
Un limier.
L’enfant.
Cocktail pour une soirée peu ordinaire.
Attention au feu. Il pourrait attirer l’attention des « dehors ».



Dernière édition par Mad Hatter le Mar 13 Oct - 23:35, édité 5 fois
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Message par Nina Hagen Mar 13 Oct - 2:12

Mes bras tendus autour de sa tête. Mon regard toujours empreint par cette même haine.
Je ne bouge pas.
Alors qu'il est là, en mon sein, sanglotant, laissant sa peine s'exprimer, des douleurs enfouies que je ne peux imaginer. On ne devient pas un monstre aussi facilement, il faut souffrir n'est-ce pas ? Souffrir pour être capable de faire endurer la même chose aux autres.
Voilà où on envoie les gosses difficiles et les orphelins.
Mais il faut croire que tu as été mal éduqué à l'école des monstres. D'où vient cet étrange pitié que tu as pour moi ? Ces réactions que je comprends sans comprendre ? Je devrais déjà avoir le visage défiguré, le corps meurtri, voire même violé et mon sang qui se vide sur le plancher...
Comment la si pathétique petite femme que je suis a pu ébranler le monstre aux mécaniques bien huilées ? Ou alors c'est ta façon de faire, ta façon d'affaiblir... Faire croire que tu es le plus faible des deux pour infliger un coup encore plus douloureux après. C'est ce que tu m'as déjà fait subir, deux fois...
Jamais deux sans trois.
Alors cette fois je ne prends pas, je ne cède pas, je ne compatis pas, mon cœur rester de marbre et mon corps figer. Tu peux le noyer de tes larmes autant que tu le voudras, je ne bougerais pas. Je ne serais pas une charmante mère qui prend son enfant dans ses bras, pour le consoler.
Tu ne m'ébranleras pas et cette étreinte restera glacée jusqu'à ce que... Jusqu'à ce que nous brulions dans les flammes.

[...]
Pourtant je faillis.
Des promesses en l'air encore.
Après de longues minutes, j'accepte.
Je ne sais pas si c'est parce que j'éprouvais encore une aversion aveugle un peu plus tôt, et qu'elle s'est un peu apaisée, suffisamment pour le prendre en pitié, ô pauvre âme traumatisée ? Ou si j'ai été perturbée, peut-être par les flammes qui commencent à lécher les meubles, et l'obsession de vouloir les étreindre qui a pris la place de toute autre pensée, ou peut-être ce mal de crâne qui s'intensifie, il commence à devenir insupportable.
Dans tous les cas, le constat est là, je regarde le feu avec inquiétude, mes bras se sont relâchés, je me surprends même à agripper ses cheveux ébènes, son manteau entre mes doigts graciles, mon corps tout entier s'est détendu, il accueille sa tête au creux de mon ventre.
Ce n'est pas de la pitié, ce n'est pas de la compensation, c'est de la compréhension. Je comprends son état, je comprends aussi que c'est à mon avantage.
Il faudrait étreindre les flammes avant qu'il soit trop tard, pensée récurrente. Mais si je bouge... Mais si je le lâche... Va-t-il redevenir comme un peu plus tôt ? Et alors, j'aurais bien plus à craindre de lui.

Malgré moi, je tremble, je craque, je libère l'angoisse, la pression, je fonds en sanglots à mon tour.
Je le serre contre moi, encore plus, pour être sûre, une étreinte plutôt que tout autre chose. Je le lâche juste d'une main pour prendre mon front, tremblante, parcourue de frissons, peu à peu de spasmes.

Tu n'es pas obligé...
Obligé de me "corriger", obligé de faire part de tout cela à tes supérieur, obligé d'être ce monstre, obligé de faire ce qu'ils te demandent, obligé... Je te laisse finir la phrase à ta guise, tu sauras trouver ce qui te réconforte, ce que tu veux y comprendre.
... ne serait-ce que cette nuit.

Puis je me laisse tomber sur toi, à bout de force, épuisée...
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Message par Mad Hatter Mar 13 Oct - 20:47

Les flammes grimpent le long des murs. Le feu s’est déclenché dans une boite de dérivation. Encore du travail de sape.
Il fait nuit dans la chambre, nuit sous le lit où il dort.
Il ne voit rien, pas encore. Il serre les yeux.
C’est l’odeur qui le réveille de son rêve éveillé. Une odeur de plastique brulé qui râpe la gorge et décape les narines.
Il s’en fout.

J’suis petit ? Oui. Je le suis.
C’est la nuit, encore. Il fait trop sombre ici, trop. J’ai quel âge ? Huit ans ? Plus ? Dix ans alors ? Oui c’est bien, dix ans.
J’ai dix ans, et j’ai oublié. Pourquoi j’suis là ? Pourquoi j’ai pas d’jouet dans mon lit ? Les enfants, ça a toujours des jouets dans le lit ! Alors pourquoi moi j’en ai pas ! C’est le marchand de sable qui les a piqué, lui je l’aime pas. Il est méchant la nuit.
J’aime personne ici, ils sont tous méchants et pis, ils me tapent. J’aime pas qu’on m’tape. Ça fait mal, après j’ai mal à l’intérieur de la tète. Je crie, des fois. Non, je crie souvent, même si j’ai pas le droit, je crie et je les emmerde !! J’veux partir ! J’veux pas rester ici !
Toi, tu m’lâches. Je t’aime pas. J’aime rien ici. C’est moche, c’est noir, c’est sombre et c’est gris. J’veux m’amuser, j’veux pas écouter ce qu’ils disent, j’veux pas faire ce qu’ils veulent.
Je m’en fous de ton tambour, j’ai crevé la peau t’façon.
J’veux pas d’ta bouffe. T’façon, elle est dégueu.
Je cracherai d’dans. T’façon.
Je ferai pas c’que tu veux.

Je suis resté allongé par terre comme tous les soirs. Mais je m’en fous. J’ai l’habitude de pas manger. J’ai vu les flammes de sous mon lit, les flemmes qui escaladent le mur. Sa peinture qui s’écaille avant de flétrir comme une vieille femme, et puis devient bulbes, boutons de pue avant de flamber en flammèches colorées. C’était beau. C’était pas gris.
J’ai tendu la main vers lui, le feu. Vers ses flammes qui rongent le mur.
Au début, ça faisait un peu mal, mais c’était rien à coté du reste, de tout le reste.
C’était ma douleur. Elle m’appartenait cette douleur.
Alors, j’ai mis ma main au feu.
J’ai tendu le bras de sous le lit vers le mur en feu.
J’ai pas crié.
Et je crie toujours pas.
Je regarde les papiers bruler, les flammes qui commencent à attaquer le vernis d’un meuble.
C’est beau la vieille femme qui flétrie.

Monarch.
Une position pitoyable, enveloppé dans ses bras. La femme.
Elle a brulé un tract.
Je dois la punir.
Il y a le feu, ces papiers chiffonnés. La pièce qui s’étouffe.
Et elle, la femme, qui s’effondre sur moi.
Je retire mon bras. Ma main brulée.
Je me redresse pour la relever. Le feu va la bruler. C’est pas ce que je veux.
Je le traine dans l’imprimerie vers le mur voisin, celui qui crame pas. Je l’appuie contre lui.
Sa tête pivote et tombe sur son épaule. Mannequin de cire, tu fondras si j’arrête pas le feu.

J’ai fait ce que je devais faire, j’ai pris l’extincteur qui aurait du être réformé le mois dernier –c’est inscrit dessus- et j’ai répandu la neige blanche sur le feu.
J’ai jeté l’extincteur, et j’ai ramassé les clopes pour m’en griller une.
En la regardant étourdie. La femme.

J’ai pas oublié ses paroles : « je suis pas obligé ».

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Message par Nina Hagen Mer 14 Oct - 14:43

Le silence.
Un feu dans l'âtre de la cheminée. Il parait que ça crépite.
Je me relève d'un confortable fauteuil, observe les lieux.
Une petite maison en bois, de la buée sur les vitres rendent invisible l'extérieur, il doit faire froid.
Je regarde les habits que je porte. Une petite robe en soie.
Je pousse une porte, derrière un grand lit, une commode, une chambre.
Et dedans, un homme accoutré d'un foulard sur la tête et d'un tablier de femme de ménage, d'ailleurs il passe l'aspirateur. Il me dit "bonjour", je le reconnais, c'est Mad.
Tout ceci ne me perturbe pas le moins du monde, et je continue mon chemin, vers l'extérieur.
Des champs gelés à perte de vue, parfois un arbre. C'est si différent...
Il fait froid mais je me sens bien, je souris à l'aube.
Un détail attire mon attention, un froncement de sourcil puis j'avance, poussée par la curiosité et par une autre force qui m'est inconnue. Je cours même...
Un piano, un magnifique piano à queue en plein milieu d'un champs en jachère.
Je suit d'une main ses courbes, laisse une trace sur le brillant de son noir, puis m'approche du clavier. Je soulève religieusement le coffre pour découvrir les touches et enfin mes longs doigts glissent dessus.
Il neige.
Je m'assoie devant le clavier, prend une profonde inspiration, ferme les yeux et pose un doigt sur une touche au hasard, je l'enfonce doucement...
Aucun son.
Je réessaye, je regarde le marteau frapper la corde, mais rien.
Je fais toutes les notes des graves vers les aigus, et toujours rien, toujours cet effroyable silence.
J'ai froid et j'ai peur.
Je mange la neige qui tombe, ce blanc qui envahit tout.
Les yeux fermés, la tête en arrière, mon poing s'abat sur le clavier. Cette fois-ci pas de silence, un bruit, des notes, dissonantes, trop bruyantes, désagréables, insupportables !
Et je tombe...

J'ouvre les paupières en sursaut, je ne suis plus au même endroit dans l'imprimerie. Le feu n'est plus. Mad, est toujours là lui, il me regarde en finissant une cigarette. Il a l'air de savoir, je suis sûre qu'il a deviné pour le tract... Mais ce n'est pas moi, mais ça, il ne comprendrait pas, cependant, il a accepté le pacte que je lui ai proposé, je pourrais dire que je m'en suis bien sortie, que je l'ai convenablement manipulé, mais c'était sincère, et puis je sais qu'il a, presque, toute maîtrise sur moi à tout instant... Presque... C'est moi qui ait le reste, je ne peux pas m'empêcher de sourire... C'est bien la première fois. Juste pour ça, et si demain redevient un jour comme un autre, je crois que j'aimerais bien ce Mad, encore plus si je savais son vrai nom...
Et puis ce curieux rêve...
J'aime bien les rêves, leur absurde normalité. Tout peut arriver, mais rarement on en est choqué.

Je tremble.
Parce que j'ai froid, mais pas que... mais le froid est une bonne excuse.
Je garde les yeux mi-clos, j'ai mal au crâne toujours. Plus même.
Oui, plus, et soudainement, cela devient insoutenable, j'étouffe un premier cri, pas le deuxième, je m'effondre sur le côté en hurlant, tête entre les mains. Quelque chose a pété dans mon cerveau, j'en suis sûre, et puis tous ces bruits soudains, partout, des cris, des chants, de la musique... Ça sort d'où tout ça ? C'est ma puce qui est en train de me griller l'encéphale, c'est ça, hein ? Et tout se mélange, comme les notes de mon rêve... dissonantes...
Rouler en boule par terre, tremblante, je cris ma souffrance.

... Et puis plus rien, le silence à nouveau, ou plutôt les sons habituels auxquels on ne prête plus attention, par habitude justement et qui rentre dans le silence à force.
Et je n'ai plus mal.
Je le regarde, et je parle, trop, ai-je perdu la tête à cause de la douleur ?... Le cerveau grillé, oui, c'est sûr, c'est ça.

Je voudrais... Je voudrais vraiment que tu me crois si je te dis que je n'étais pas au courant. Qu'importe à quel point je puisse être pathétique à tes yeux, si je dois être puni, que ce soit pour quelque chose que j'ai vraiment fait.
Et... je n'ai plus peur de toi.


Qu'est ce que je raconte ?
Je divague, je perds la tête.
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Message par Mad Hatter Dim 18 Oct - 17:11

Je m’accroupie juste devant elle, à ses pieds. A ses genoux repliés.
Son visage reprend les couleurs qu’il avait perdus. Elle reste un peu pâlotte.
Je reste un moment sans dire un mot, aspirant la fumée qui ronge les alvéoles et recrachant les halots appauvris.

Je sourie. Ça se voit pas, c’est à l’intérieur.
Son visage me plait. Ses genoux que les miens côtoient. Fermes et osseux, ni trop, ni peu. Les muscles qui s’y rattachent, s’effilent pour s’alourdir et donner le galbe du mollet. Un presque parfait.
Au dessus, le tissu de la jupe. Stricte.
La rondeur d’une cuisse musclée –je me l’invente-, camouflée sous le tissu tendu, étiré par la position agenouillée.
Les chaussures. Strictes elles-aussi. J’allais les oublier, pourtant impeccables avec le reste. Parfaites dans l’allongement du pied.
Tailleur et talons aiguilles. De l’encre sous les ongles pour parfaire le costume.

Je jette ma cloppe.
Je prends ses mains et les approche de mon visage. J’y pose la joue. Ferme les yeux.
Quelques instants.

Je lâche une main pour me relever.
Je garde l’autre pour la relever.

Face à face, corps contre corps, fruit du hasard ou envie d’être proche. Je garde sa main dans ma main, l’autre entourant sa taille. Comme un danseur de tango.
Je ne sais pas encore si je peux la croire. Mais, pour l'instant, je veux la croire.
Ensuite...

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Message par Nina Hagen Mer 21 Oct - 19:44

Je crois que je commence à ressentir le poids de la fatigue, maintenant...
Sa joue entre mes mains.
Maintenant que je n'ai plus peur, que je n'ai plus rien à craindre de lui, du moins je crois.
Lui.
C'est curieux... Qui aurait cru que d'un regard, l'on se comprendrait ? Que je comprendrais que derrière ce masque de Monarch il y une âme torturée, qu'il comprendrait... Quoi d'ailleurs ? Je ne sais pas. Mais je crois bien c'est de la compréhension qui nous a amené là, ses gestes délicats, son bras autour de ma taille, la proximité.
Je n'y croyais pas jusqu'à maintenant, je pensais que dans ce monde ordurier, chacun se contentait de faire ce qu'il devait faire sans se préoccuper d'autrui, et qu'au moindre soupçon, tu étais bon pour les camps.
Je n'aurais jamais cru qu'un Monarch puisse un jour... faillir.
Et pourtant c'est bien lui qui vient de me donner ce que je ne connaissais pas, ce que je n'ai même jamais recherché, ni envié aux autres : l'espoir.
J'ai toujours suivit la route bien tracée qu'on me proposait, sans chercher à comprendre, sans chercher à la dévier, je ne désirais pas grand chose, je ne croyais en pas grand chose, du moment qu'on n'y mettait pas d'obstacle et que j'avais ma dose d'immersion, ça m'allait. J'étais, je suis heureuse ainsi, un vrai mouton... Et ainsi j'étais sûre qu'on me foute la paix. L'espoir, c'est un bien beau mot, mais pour y mettre quoi dedans ? C'est ce que je me suis toujours dit, les rêves de gloire et de richesse, très peu pour moi, et cette espoir que j'ai maintenant... Il est tout aussi bête, sans prétention, juste celui que demain, je reprendrai mon chemin, entière et vivante... Vivante... Pourquoi s'attacher autant à une vie présentant aussi peu d'intérêt, je n'ai jamais compris, mais je ne suis pas du genre à me jeter sous un train, alors...

Alors je le regarde.
Et la suite ? C'est à moi de lui donner une direction ?
Ça, je ne sais pas faire, je ne réfléchis pas, je ne calcule pas, pour le moment j'ai froid et sommeil, et toi, sous ton grand manteau ?
Un instant, je délaisse sa main.
Je défais les boutons, un à un, doucement, comme si le moindre geste brusque réveillerait ses instincts primaires, le Monarch. J'enlève même le bras qui entourait jusqu'alors ma taille de sa manche, pour le remettre autour de ma taille, mais sous le tissus, c'est bête, oui, mais je crois que je me sens protégée comme ça.
Je reprend sa main que je ne lâcherai plus.
Enfin je monte sur ses genoux, comme une petite fille sur ceux de son père, nous englobe de son épais manteau, la tête contre sa poitrine, son bras entourant ma taille, et moi bien serrée contre lui. Je pourrais m'endormir, dans tous les cas, j'avais raison, il fait bien plus chaud ici.
Je tremble encore légèrement, rien de grave.
J'aimerais lui demander de me jouer de la musique, il est Monarch, je sais qu'il sait en faire, juste un morceau, une berceuse... mais à quoi bon, je ne l'entendrai pas de toute façon.
Et pourtant toute à l'heure... Toute à l'heure ça n'était par normal.

Mad, tu ne peux pas t'appeler Mad, cela te va si mal...

Je chuchote, ça ou autre chose, je n'aime pas le silence, et ça, c'est le mieux que je puisse lui demander, dans la liste de tout ce dont j'ai envie.
"Tu me protégeras ?" Celle là, je la garde bien enfouie, elle est véritablement stupide.
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Message par Mad Hatter Jeu 29 Oct - 0:41

Je déroge à la Loi. Je laisse cette lambda, une moins que rien, gens d’en bas, des quartiers sales et pauvres, grimper sur moi. Se hisser sur mes genoux et s’enfouir dans mon manteau.
Si elle savait ce qu’il a vu mon manteau, elle vomirait.
C’est moche le boulot de Monarch. On peut même pas parler de vocation, encore moins de choix. Education, formation ! Et le chien de garde sort de son trou, une cage froide et sombre où on façonne son esprit.
Le mien est si bien façonné que je pourrais la tuer sur un simple claquement de doigts, comme le chien obéit à son maitre, je mordrais aussi facilement.
Sauf que, mon cerveau a des ratés. Je saute d’une idée à une autre, je me prends pour le Petit prince, d’un monde à l’autre, d’un rêve à l’autre, d’un souvenir à l’autre.

C’est le seul nom que je connais.
J’ai pas choisi ce nom, comme j’ai pas choisi de devenir ce que je suis aujourd’hui.


Je termine ma phrase en reniflant ses cheveux. Ça se fait pas, en tout cas, pas avec n’importe qui. Mais son odeur, elle me plait même si on y retrouve celle des savons bons marchés.
Elle sent le propre. Moi, qui suis sale. L’impression en tout cas d’être sale sous la peau, comme un corps violé.

Tu me plais.

J’aurais pas du le dire. Mais… Quelle importance ça a.
Ça réchauffe. C’est pas des mots que je dis souvent. J’ai du oublié.

Je respire son odeur, sa nuque.
Je pose le front sur son épaule.
Je tire le tissu pour toucher sa peau, sentir sa peau du bout des doigts, sur mon front.
Sa peau.
Elle est douce, propre, fraiche.
Délicate comme son teint qui change si souvent.

Je laisse glisser mes mains dans son dos, sur ses hanches. Sur ses cuisses.
Je retrousse sa jupe sur le haut de ses cuisses, jusqu’au début des bas. Juste assez pour voir, découvrir, sentir du bout des doigts encore une fois, sous le tissu des bas.
Je goute à sa peau sur ma peau.
C’est excitant, presque nouveau.

Je ne sais pas.
Dois-je l’embrasser ?
C’est conforme, je crois.
Alors, pourquoi je le fais pas.

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Message par Nina Hagen Lun 2 Nov - 19:58

Non, tu n'as pas choisi. Qui choisit de devenir ce qu'il est ?
Si c'était le cas, crois-tu vraiment que j'aurai choisi d'être ce que je suis et de me retrouver dans tes bras en cet instant ? Pourtant si tu avais pu choisir une autre voix, qu'en serait-il de la réponse à cette question ?
En cet instant, je serais incapable d'y répondre, certainement mieux enfermée dans tes bras musclés que mon souffle coupé par tes mains expertes. Je pourrais te faire de grands discours, sur la vie, sur le choix, ce choix qui n'appartient à personne parce que la vie n'est pas si simple, qu'il te reste le choix de faire, d'agir comme tu l'entends, de désobéir aux ordres, de changer ce que tu es, mais je n'en dirais rien, car au fond, je n'y connais rien, je peux me tromper, et surtout, je n'y crois pas moi-même et certainement que je ne serais pas capable de le faire, changer. Quant à faire le bon choix, cette question n'existe plus dans ce monde, dans mon monde, le "bon" a été enterré il y a bien longtemps.
Non je ne dirais rien, je me contenterais d'espérer, juste un peu, et de te trouver un nom, un beau nom. Et d'apprécier ta peau contre la mienne, en priant que tu ne t'en lasses pas.

Tu me plais.

J'ai souvent entendu cette phrase, des hommes qui se sont ensuite servis, de façon plus ou moins agréable et polie, parfois de bons souvenirs, la plupart du temps aussi vite oubliés, et toujours après, un sentiment de vide angoissant, une nuit, et plus rien. Un désert aussi bien intérieur qu'extérieur. Cette phrase n'avait pas de valeurs.
Aujourd'hui, elle prend tout son sens, je l'apprécie, et pas uniquement parce qu'elle est garante de ma survie.
Me voilà dans une position délicate aussi bien au sens propre qu'au sens figuré, tiraillé entre mon esprit, ma raison, mon corps... Mon cœur, lui, je ne l'entends même pas, je sais juste qu'il s'est emballé entre les doigts qui parcourent mon dos, suivit de près par de traîtres frissons. Il suit le mouvement, mon cœur, il regarde, cherche le sien dans la paume de sa main, sa main sur mes reins, mes hanches, mes cuisses... Il observe mais se tait, alors que mon corps a déjà dit oui. Il serait mensonger de ne pas admettre le côté excitant de la situation : le danger qu'il représente, ses mains qui retroussent délicatement ma jupe et s'infiltrent sensuellement dans mes bas, mon corps contre le sien, et il serait si facile de faire pencher la balance de ce côté... Je connais bien les hommes, il suffirait que je passe une jambe de l'autre côté, enserre ses hanches entre mes cuisses, rapproche mon souffle au creux de son oreille, une légère provocation, rien de plus. Ma jambe est d'ailleurs prête, elle ne désire que ça, mon genou s'est d'ailleurs un peu relevé. Mais...

Lui.
Réagirait-il comme tous les autres ? Sans doute oui.
Et après ? Serais-je redevenue une fleur fanée, pas si intéressante, et lui un bon Monarch bien éduqué ? J'aurais supporté un lendemain chaotique de plus, je crois, mais pas la violence, la douleur, ni la souffrance. Je continue de m'accrocher à la vie sans raisons apparentes. Je ne veux pas qu'il se réveille et me considère comme insignifiante.
Et ce qui me fait le plus peur finalement c'est de ne plus jamais entendre un "Tu me plais." aussi sincère.
Pour autant, un refus vaut-il bien mieux ?
Se refuser pour créer un désir encore plus grand jusqu'à... Jusqu'à quoi ? Je n'ai jamais osé, je ne sais pas...
Au moins dans le premier cas mon corps en est désireux...

Cependant, je me contente de laisser ma raison ressasser le pour et le contre, me recroquevillant sur moi-même dans le mouvement amorcé par mon genou, sans chercher ni à l'arrêter, ni à l'inciter à plus, ma tête contre sa poitrine, j'écoute son cœur, comme s'il avait des réponses à me donner. Je reprends une de mes mains à moi, dans le creux de mon cou, et je laisse l'autre rattraper une de ses mains et la serrer fermement entre mes doigts, juste le dos et une partie de la paume, pour ne pas empêcher les doigts de jouer sur ma peau, sans pour autant qu'elle ne m'échappe. Je frissonne toujours, pas le froid, non; mais j'aimerais bien qu'il croit que c'en est la cause.
Une larme coule sur ma joue, le souvenir du vide n'est pas si agréable...
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